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L'Écume des jours

Opéra de Edison Denisov

Ils sont jeunes, oisifs et insouciants, vivent de fête, de flirt et de jazz.

Colin régale ses amis des plats de son cuisinier Nicolas, invente un pianocktail pour accorder les boissons aux mélodies, et rêve du grand amour. Quand Chloé entre dans sa vie, le bonheur semble total. Mais un sinistre nénuphar croît lentement dans le poumon de la jeune femme. Boris Vian écrit L’Écume des jours en quelques semaines, à l’âge de 26 ans. Derrière le titre énigmatique et lumineux du roman publié dans le Paris d’après-guerre se cache un récit ambigu. Traversé par une poésie surréaliste, où les souris parlent et où les amoureux se dissimulent dans un nuage rose, le conte fantaisiste se mue peu à peu en un drame sur la nature éphémère et insaisissable du bonheur. Le livre, devenu culte dans les années 1960, est transposé à maintes reprises au théâtre et au cinéma, puis à l’opéra par le compositeur soviétique Edison Denisov. Fasciné par la culture française et la musique d’Europe occidentale, Denisov trouve dans la liberté narrative de L’Écume un terrain fertile pour élargir son horizon musical au-delà des canons du réalisme socialiste en vigueur à l’époque du rideau de fer. Adepte du polystylisme, il déploie ici des motifs issus du jazz (on pense à Duke Ellington), de grands chœurs liturgiques d’inspiration russe, des références au Tristan et Isolde de Wagner, ou encore un hommage au son des cloches orthodoxes. Lui-même compositeur, spécialiste du répertoire contemporain et sensible à la fusion des langages musicaux, le chef d’orchestre libano-polonais Bassem Akiki embrasse ce mélange de styles avec agilité. Il fait souffler un vent nouveau sur ce drame lyrique qui n’a plus été représenté en France depuis sa création en 1986. Au théâtre, la metteuse en scène franco-polonaise Anna Smolar est recherchée pour son univers alliant poésie, humour et profondeur. Pour ses débuts à l’opéra, elle choisit de placer Chloé au centre de l’intrigue. Celle qui, dans l’œuvre originale, semble réduite au rôle de fantasme, destinée à provoquer le désir puis mourir, devient ici une narratrice sincère et pleinement incarnée. Elle dit non seulement la complexité de la maladie, mais aussi la liberté de vivre et de mourir selon ses propres règles.

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