
D'où vient la physique quantique
Par Bernard Pourprix, professeur honoraire à l'Université de Lille Répondant : Daniel Hennequin En partenariat avec ALEA
Vers 1900, la physique classique est en crise. C’est aux confins de celle-ci que va se développer la physique quantique, par ruptures successives. Le premier Conseil de physique Solvay (1911) entérine la discontinuité quantique, mais deux décennies sont encore nécessaires pour l’édification de la mécanique quantique. C’est peut-être chez Niels Bohr que se manifeste le plus nettement la tension entre rupture et continuité ; son principe de correspondance, sa théorie de la complémentarité, sa conception de la dualité onde-particule illustrent son souci épistémologique d’une continuité entre la physique quantique et la physique classique. Jusqu’à la fin des années 1920, la physique quantique est concernée principalement par les expériences spectroscopiques, dans lesquelles les particules conservent leur intégrité physique. À la fin des années 1920, Paul Dirac incorpore la relativité restreinte dans la mécanique quantique et ouvre la voie à la théorie quantique des champs ; en élaborant un formalisme qui prend en compte les processus de création et d’annihilation de particules, il permet à la physique quantique de s’enrichir des apports de la « physique des particules » naissante.